Oslo, la capitale norvégienne sacrée « Capitale verte » par la Commission européenne en 2019 ? Depuis la découverte du pétrole dans la mer du Nord à la fin des années 1960, la Norvège est passée du statut de l’un des pays les plus sous-développés de la région à l’un des pays les plus riches de la planète.
Plus récemment, les ressources naturelles de la Norvège l’ont également placée dans une position politique difficile. Peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, celle-ci a supplanté la Russie en tant que principal fournisseur de gaz de l’UE ; depuis lors, les profits du pays sont devenus astronomiques – et controversés.
Mais même en temps de paix, la Norvège était visiblement en pleine forme, ses impôts notoirement élevés se reflétant dans un niveau d’infrastructure publique apparemment utopique. On peut consulter les horaires d’un tram ou d’un bus à Oslo, mais seulement si l’on ne peut pas se permettre d’attendre la minute ou les deux qu’il faut généralement pour arriver. Il serait possible, je suppose, de retrouver un mégot de cigarette ou deux dans les espaces verts à couper le souffle d’Oslo.
Le parc de sculptures Ekebergparken est une explosion de modernisme et de fantaisie dans les bois au sud de la ville, tandis que les étonnants parcs Vigeland Museet et Frogner sont des paysages amusants de jardins parfumés, de sculptures en granit et en bronze accrocheuses et de portes en fer forgé qui projettent des ombres sur les marches d’un blanc décoloré.
La trilogie maussade et élégante de lettres d’amour de Trèves à sa ville, composée de Reprise ; Oslo, le 31 août ; et Worst Person (une émeute de rire comparée aux deux premiers), reflètent les goûts vestimentaires et conversationnels d’une jeune génération d’Osloites. Les gens ici semblent aussi heureux de se plonger dans un échange plus profond que de se rendre sur la piste de danse.
Mais l’Oslo d’aujourd’hui n’est pas strictement une affaire d’exportation. Trois géants architecturaux ont modifié l’horizon en autant d’années et attirent des vagues de touristes. Achevée en juin 2020, la bibliothèque Deichman Bjørvika offre la sensation aérée d’un atrium parsemé de puits de lumière. À l’intérieur se trouvent les archives de la Future Library, un projet animé conçu par l’artiste écossaise Katie Paterson, dans lequel des auteurs tels que David Mitchell, Margaret Atwood et Karl Ove Knausgård, né à Oslo, ont déposé des manuscrits dans des tiroirs en verre inaccessibles. Ces ouvrages ne seront lus qu’en 2114.
En octobre 2021, la ville a ouvert le premier musée au monde consacré au peintre expressionniste norvégien Edvard Munch, une structure si importante sur le front de mer qu’elle serait sûrement apparue à l’arrière-plan de son œuvre si elle avait existé à la fin des années 1800. Le musée contient 26 000 œuvres d’art de Munch, dont plusieurs versions du Cri (celles-ci sont cachées derrière des portes qui s’ouvrent et se ferment selon une minuterie, pour limiter leur exposition à la lumière) ainsi qu’une version de sa magnifique Madone.
Le bâtiment lui-même est esthétiquement controversé, un drame légèrement déroutant pour un étranger : si la célèbre bibliothèque Deichman Bjørvika ressemble à une pile de livres qui se déploient vers le haut, le musée Munch ressemble à une pile de livres sur le point de basculer.
Enfin, il y a le joyau de la couronne : le Musée national d’art, d’architecture et de design, qui a ouvert ses portes en juin 2022.
